En un temps, les peintres signaient leurs œuvres en indiquant « pinxit » – il l’a peint.
Les sculpteurs et graveurs indiquaient « fecit » – il l’a fait.
Quoi de mieux pour un photographe que « vidit » – il l’a vu ?
Avoir vu, n’est-ce pas la force majeure d’un photographe ?

Avoir vu et le montrer !

Ma formation universitaire et scientifique motivent une démarche basée sur la décomposition de la photographie pour mieux en cerner les fondements et jouer avec eux.
Loin de l’art avant-gardiste qui est souvent réalisé au détriment des règles fondamentales de la photographie, je préfère jouer avec ces codes pour qu’un maximum de personnes puissent s’y retrouver car il s’avère que notre cerveau est câblé pour identifier des motifs, des structures, voire des histoires.
Parce que ce sont les Regardeurs qui font une œuvre, la règle n°1 est la composition. Plus cette composition sera forte sur l’image, plus elle viendra capter l’attention du passant.
Mes recherches dans le domaine de la composition m’ont amené vers la GestaltTheorie ou « théorie de la forme/structure ». La Gestalt est une théorie aux impacts psychothérapeutiques qui est née en Allemagne dans les années 1920. Elle m’a donné un moyen général sur la manière dont les images sont composées dans l’œil du photographe, puis induites dans l’esprit des Regardeurs.
Cette approche m’ouvre alors tout un éventail de possibles que je capture en constatant que ces compositions posent un œil figé dans une fraction de seconde et créent des histoires inattendues chez les Regardeurs que j’expérimente par une installation baptisée "La Pesée des Âmes" – 3eme édition en Janvier 2013.



Le principe de la Pesée des Âmes est une installation qui permet à chaque visiteur d’exercer simplement son œil et ainsi sa propre capacité à percevoir des compositions en identifiant si selon lui chaque image a plus été conçue en fonction de la présence d’un point de fuite ou d’un motif. Chacun est donc invité à mettre littéralement son grain de sel dans des vases devant chaque tirage pour répondre à la simple question « Motif ou point de fuite ? ».
À la pesée du sel, une sorte de Psychostasie photographique révèlera que les Regardeurs auront alors estimé la question sur l’image, sur le photographe et sur tous les autres Regardeurs qui seront alors à leur tour une partie de l’âme de chaque photo…

J’aime quand une image vient par une multitude de petites histoires de quelques lignes prendre tout un relief, voire encore un autre relief si un titre est bien choisi…
Par mon approche de la composition j’ai réalisé ma photographie. Elle est profondément ancrée dans la représentation picturale des œuvres classiques ; de fait, nombre de mes images sont comparables à des tableaux photographiques dans lesquels figurent des modèles, des amis ou des inconnus qui ont parfois posé ou simplement été pris sur le vif.